« Il n’appartient qu’à la tête de réfléchir, mais tout le corps a de la mémoire. »
Joseph JOUBERT
Un propos que vous attribuons et associons à Vers les cimes car poétique [1], et qui vise à nous connecter à notre être sensuel. Je préfère :
« Quelle merveille que la mémoire : ivresse de revivre les délices de nos corps. »
Délices de nos corps qui, bien sûr, sont délices du corps par et avec l’esprit. Rappelons que l’esprit et le corps ne font qu’un, que l’esprit est partie du corps et interagit continuellement avec lui-même et avec son corps hôte. L’un et l’autre ne font qu’un et ne survivent pas l’un à l’autre.
Note : Si on parle parfois de « mémoire » de la matière, nous retiendrons une mémoire de la pensée (au sens large, incluant les émotions etc) en considérant la définition de la mémoire = « action d’emmagasiner ou de se remémorer voire de revivre un souvenir. »
Quant à la mémoire de la matière dont il est parfois fait mention, c’est, comme souvent, un abus de langage comme on en subit de plus en plus, et qui contribuent à de grandes confusions. L’eau et la matière peuvent garder la trace de leur histoire, en effet. C’est, d’ailleurs, une évidence à l’échelle de la plus infime particule comme de l’univers : Ils sont issus de l’histoire et des interactions avec leur environnement, depuis toujours, continuellement, sans interruption, et pour encore très très longtemps.
Et nous en ignorons l’essentiel.
Maj Majest,
Nos ailes sensuelles
[1] Ce propos de Joseph est, dans le fond, faux et totalement désuet, qui plus est doublé d’un bel aphorisme toutologoqique négatif et exclusif : sa première partie.
De plus, je trouve amusant que le verbe réfléchir, qui a plusieurs sens et est souvent associé à des profondeurs poétiques de l’âme soit justement, ici, apposé dans son sens rigoureux. De même, Joseph a utilisé un mot associé à un organe (la tête) plutôt que l’âme ou l’esprit, qui rend le propos encore plus déconcertant. Certes, certains expressions imagées (métaphoriques) associent le mot à l’esprit. Certes…
Peut être était-ce cela, le plaisir de Joseph : mettre en relief ou s’appuyer sur les errances du langage pour créer l’image et stimuler l’imaginaire, nos idées et nos émotions ?
Pour ma part, j’aurais préféré naître et vivre dans un monde où le vocabulaire, clair, ne prête pas à confusions, ni à interprétations multiples.
Est-ce possible ? Oui, cela existe dans certaines cultures, et notamment lorsque ces cultures ont porté finement attention à certaines choses plus qu’à d’autres.